Septembre. On commence à entrevoir des espaces entre les pare-chocs dans Argelès sur Mer, tout comme entre les caddies aux caisses de l’hyper du coin. Les mouillages-embouteillages s’éclaircissent. L’heure est au regain. Mon pote Eric, Normand pur crème, est en vacances. Le thème est arrêté : nous partons à la poursuite de l’été…

Argelès-El Port de la Selva (16 Nm) Taranis va donc mettre du sud dans son cap. On n’aurait pas dû le dire ! Un BMS, le 288e de l’année, annonce un petit sud 7B pour l’après-midi. Mais les Baléares nous attendent, pas question de perdre la journée. Donc, courte étape,  mise en jambes et à l’abri. Peu de vent à hauteur du cap Béar, Yan (c’est le petit nom de notre Yanmar) nous donne un petit coup de pales, faut pas trop traîner non plus. A proximité du Cap Cerbère, on grée l’étai largable, dans la foulée, on y endraille le solent et on prend un ris dans la grand-voile. Well done ! Le sud annoncé rentre avec une vigueur et une promptitude très ‘costabravesques’. Une paire de bords plus tard, négociés face à un S 6B de température agréable, l’ancre tombe devant la plage bordant le fond de la baie d’El Port de la Selva. Six, sept mètres, très bonne tenue, ça soufflera fort cette nuit…070915puertodls1.jpgEl Port, j’adore. A l’enracinement nord du cap Creus, c’est Cadaquès sans la frime. Invraisemblable empilage de maisons blanches à l’est, dominé par l’église dont la voix grêle rythme la nuit jusqu’au départ des chalutiers, couleur fauve de la montagne à l’ouest dans laquelle on a du mal à distinguer l’ermitage de Sant Pere de Rodes. Rangées d’antennes vernies des Llaüts Menorquins, les pointus locaux. Port à portée d’étrave, au cas où… Commerces à deux coups de pagaie, de plus on peut garer l’annexe à moins de vingt mètres du supermercat, pour les fois où l’on ramène du lourd…  

<= El Port, j'adore...

El Port de la Selva-Palamós (40 Nm). Comme hier le temps se lève tard. Yan est de corvée, on passe paisiblement en revue la face nord du cap Creus. Magnifique chaos de roches, on ne s’en lasse pas. Les bâtiments du club Med cher au skipper de Ghibli sont toujours là, même si le bruit court de leur démolition… Passage intérieur du cap, toujours impressionnant. Le vent rentre alors que nous sommes bien avancés dans la baie de Rosas. Un bon ENE qui va fraîchir jusqu’à 4 et qui nous permet de passer sans souci la doublette des caps Bagur et San Sebastian, où les zones météo Lion, Baléares et Minorque se rejoignent.A Palamós comme à El Port de la Selva, on mouille devant la plage, avec la ville et ses commodités à deux pas (supermercat Bonpreu en bas de la Carrer Major). En été on profite également, en fond sonore matinal, de la zique et des exhortations du prof « Adelante ! Uno ! Dos ! Tres ! Mambo ! » faisant transpirer sur la plage les señoritas traquant la surcharge pondérale consécutive aux excès de paella. Taranis ne met plus la quille à Palamós-Levante, marina chicos (51 € la nuit en 2007) aux places visiteurs très inconfortables, face à l’entrée. Jamais testé le port de Palamós lui-même, sinon pour faire du carburant, mais l’amiral Koantic en dit le plus grand bien…

Palamós-Pollença (120 Nm). Si la vie était un long fleuve tranquille, elle ressemblerait à cette traversée. Gracias Eole : secteur NE, un peu ardent en fin de matinée puis constant 2 à 3 B. On démarre grand largue, on se glisse sous le massif cap Formentor 22 heures plus tard au bon plein en ayant à peine touché aux écoutes. 080914balares1_013.jpgEntre temps, casse-croûte, GP de Belgique à la radio, apéro, Toulouse-Biarritz, à la radio itou (mais ça c’est du rrruby…) dodo entre les quarts. Peu de voisins, et suffisamment lointains, la lune, le clapotis le long de la carène, la vie en First, quoi…

<= Traversée aller : alizéenne... 

Pollença est une baie immense, dans laquelle on flotte (sur peu d’eau, 3 à 4 mètres) comme dans un costard trop grand. Peu de bateaux, une partie d’entre eux ayant manifestement terminé la saison. En guise de distraction, évolutions pataudes et pétaradantes d’un petit hydravion. Equipage à terre, annexe au ralenti dans le clapot pour éviter la douche. Au Reial Club Náutic, une demoiselle fort aimable nous donne à remplir la demande d’autorisation pour mouiller à Cabrera et la faxe elle-même (moyennant 1,8 €) à l’autorité compétente, le Ministerio de Medio Ambiente. Nous aurons le résultat en rappelant dans quelques jours… Petit tour de courses, le temps de trouver les fameuses ‘Galletas de Inca’ dont Ase et Jean-Michel nous régalent à chaque rencontre. Idéales pour tartiner Hénaff, le pâté du mataf’… Noté, pour une autre fois, que l’épicerie Can Jordi livre à bord si nécessaire. En revenant à bord, photo de Chintha, First 30 démâté…
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<= Dans la baie de Pollença, Chintha attend un mât.

 

 

 

 

Pollença-Port de Sóller (35 Nm). Dans un premier temps, nous avions projeté une arrivée directe à Port de Sóller depuis Palamós. Finalement, nous réinscrivons cette escale au programme en décidant de faire le tour de Mallorca dans le sens antihoraire.Il faut d’abord remonter les huit milles entre Pollença et la cathédrale de pierre du cap Formentor.080914balares1_028.jpg NE 2 à 3, gros clapot, pas très rigolo. La situation s’améliore au début de la côte NW. Mais le temps est tristouille et sur l’avant bâbord, les nuages gris sales dég… en cascade par-dessus la barrière montagneuse. Arrivé entre la Punta Galera et la Punta Beca, la danse commence. Le vent qui vient de la falaise (!) passe de 6 à 26 nœuds en quelques secondes. On joue de l’enrouleur et de la bosse de ris. Plus rien. On déroule. Nouvelle claque. On enroule en dansant sur un clapot vicelard. Au bout de deux heures de ce manège, de guerre lasse, on joue un bord moteur vers la côte à sec de toile…

 <= La côte NW de Majorque fait la g.....

Et d’un seul coup, nous voilà sortis de la zone turbulente… et en panne de vent. Ceci nous laisse le temps de voir que la goélette-charter qui nous rattrapait au début de la séance sous sa majestueuse voilure a choisi la même formule que nous…Port de Sóller va nous dédommager de cette journée peu gratifiante. Mouillage très sympa devant la marina, bain, spectacle charmant du tramway-jouet, que nous ne manquerons pas d’emprunter jusqu’à Sóller. Huit roros par tête aller-retour pour aller voir la placette ombragée, apparemment douce aux vieux du pays, la gare du ‘Ferrocarril’ qui héberge un hommage à 080914balares1_050.jpgJoan Miró (avec notamment deux voiles décorées par l’artiste). Au port, on nous prête l’embout ad hoc et on nous autorise fort gentiment le remplissage d’un jerrycan d’eau et de ce que nous appelons les ‘bouteilles de ponton’, dont l’eau est réservée au café et à la cuisine. A noter côté météo de fortes bourrasques brûlantes, un orage et au petit matin un bateau couvert de poussière ocre…

 

<= Le tramway-jouet relie Sóller à son port

Port de Sóller-Sant Elm (22 Nm). Des falaises, des falaises, encore des falaises, et des balaises. Après deux bords peu productifs dans un vent évanescent, nous devons nous résoudre à les longer au son du diesel. Elles seraient sûrement belles si le soleil… Mais non ! Aussi c’est avec plaisir que nous voyons arriver le ‘coin en bas à gauche’ de Mallorca, l’île de Dragonera. Une paire de milles plus loin, l’île Es Pantaleu abrite le mouillage de Sant Elm, où se balancent quelques voiliers et une paire de catas. Bon mouillage sur fond de sable, bain, apéro, casse croûte, la dure routine de l’escale s’installe. La partie musicale est assurée par l’Hôtel de la Plage local, et vu la programmation, on peut parier sur la présence dans les murs d’un ou deux cars de cheveux bleus… Par contre, toutes les annexes filent vers l’établissement situé sur le côté nord de la petite baie. Une bonne adresse ? Faudra vérifier ça une prochaine fois.    

Sant Elm-Cala Blanca (5,9 Nm). Courte, l’étape. On l’a allongée un peu en se faisant le plaisir de tirer un bon bord vers le cap Llebeitx, le ‘museau’ du dragon couché qu’est l’île de Dragonera. Les eaux se sont peuplées depuis que nous avons tourné le coin de Mallorca et approché de Palma. Nous sommes à ‘Bahouarialand’, royaume des croiseurs teutons, king size pour la plupart. Dans les premières semaines de septembre les loueurs font encore recette… On a contourné Puerto de Andratx sans trop s’approcher. Pas séduits par le secteur, ‘baléarisé’ par des générations de promoteurs auxquels on a hélas lâché la bride ! Du coup, on a choisi pour étape Cala Blanca, car le guide Imray la présente comme ‘pour l’instant non bâtie’. Elle ne l’est toujours pas. Mais cette sauvage n’a pas de grâce particulière, et vu que nous y avons passé une nuit plutôt ‘roulante’, il ne se trouvera personne pour la défendre lors de l’établissement de notre hit-parade perso…   

Cala Blanca-Palma (17 Nm). Du portant, puis, à partir du coin de Cala Figuera, remontée de la très vaste bahia de Palma sous génois partiellement roulé (solent pas gréé, mistake !) et GV un ris face à un nord/nordet fraîchissant jusqu’à 5B, rafales à 6. On calme le jeu au moment de croiser, dans les cinq derniers milles, le Grand Prix des ferries dont le départ vient apparemment 080914balares1_106.jpgd’être donné. On en compte quatre en une demi-heure, tandis que les avions en approche passent au dessus de nos têtes toutes les minutes. Qu’est-ce que ce doit être durant la saison d’été…

 

 <= C'est qui, le boat à quai derrière Taranis ? Espiritu del Xarey...

Palma, voilà un port de plaisance sympa, qui recale l’échelle des valeurs. Ici, vu la taille moyenne des ‘yôôtes’, un propriétaire de Super Maramu ne ferait pas le baron, avec son boat de Rmiste… Bon nombre de bômes sont deux fois plus longues que Taranis. Si, si ! Ca calme ! 080914balares1_103.jpg

Parmi les trois ou quatre marinas, nous avons choisi le Real Club Nautico (41,89 € la nuit). Bonne pioche ! Pompe carburant facile d’accès, place attribuée presque sans souci. Sanitaires nickel, et même une petite voiture de golf électrique qui fait navette jusqu’à l’entrée/sortie de la marina vers la ville. Appréciée au retour, avec le sac à dos plein de bon manger… Juste un truc à savoir : il faut l’attestation d’assurance. Une chose qu’on ne nous demande jamais, d’habitude ! Celle de la voiture a fait l’affaire, le numéro de police étant le même. Mais ça s’est joué fin.

 <= Imposante et omniprésente, la cathédrale de Palma.

Ce moment de tension passé, la señorita a été très sympa : elle a appelé sa collègue de Pollença, s’est fait faxer notre autorisation de mouillage à Cabrera, et nous a même traduit les indications portées sur ladite autorisation.Sésame en poche, c’est le pas et le cœur légers que nous sommes allés flâner un peu dans le secteur du palais de l’Almudaina et de la cathédrale devant laquelle stationne une file de calèches à touristes. Enorme, la cathédrale ! On a le plaisir d’y retrouver la trace de Gaudí qui nous emballa à Barcelone en juillet dernier. Bien aimé également la chapelle décorée par Miquel Barceló. Retour ‘flanânt’ à travers les ruelles de la vieille ville, et crochet par le mercat de Santa Catalina (Pl. de la Navegatió) pour emplette de produits frais…   

Palma-Cala Portals (8 Nm) Petite traite ensoleillée qu’un N/NW 3 à 4 B nous fait parcourir à bonne allure en laissant sur la fin l’Isla del Sech à bâbord. Nous sommes samedi et quelques belles voiles sillonnent la bahia de Palma. Cala Portals Vells est un petit bijou. Une partie centrale, trois petites criques avec autant de plages et une eau d’un vert translucide, des rives verdoyantes et sur le flanc nord un minuscule port. 080914balares1_138.jpgAssez peuplée à notre arrivée, week-end oblige. Un motor yacht format croiseur lourd à pavillon évidemment exotique est mouillé au beau milieu, et va ravir les ‘contemplatifs des mouillages’ que nous sommes. Un de ses confrères à moteur, beaucoup plus petit, vient taquiner sa coque en relevant son propre mouillage. Mugissement de sirène et ballet du personnel en ticheurte immaculé, à bord et en annexe. Un remue-ménage qui arrache à leurs cocktails le nabab du bord et sa dulcinée.

<= Cala Portals : un véritable bijou.

Plus tard, lors de la manœuvre pour relever ses deux mouillages affourchés, le monstre trahira par de grosses volutes de fumée noire une mécanique fatiguée. Beurk ! Le calme revient avec le soir. Une demi-douzaine de bateaux profitera comme nous d’une nuit paisible. Au matin, équipage à terre pour faire aiguade, comme on disait au temps de Jack Aubrey. Pas de problème pour obtenir l’autorisation de remplir nos bouteilles sur l’unique quai du port. Jusqu’ici, l’avertissement du guide concernant l’eau, rare et payante, semble exagéré. La promenade sur les hauteurs nord de la cala sera décevante. Pas un troquet, pas une mobylette. Rues désertes, alignement hermétique de murs et de grilles rupinos derrière lesquelles quelques clebs interprètent « Passez votre chemin, manants ! » Un autochtone, en balade avec un pote français, nous confirme que les proprios du coin, c’est du lourd. Il ajoute qu’il n’y a pas de magasins, juste un casino, et que les restaus sur les petites plages pratiquent des tarifs dissuasifs… Bon, ben, salut !   

Cala Portals-Cala Pi (16,5 Nm) Nouvelle traversée, transversale W-E cette fois, de la bahia de Palma. Au portant. On démarre avec du NW 2/3 B, qui va fraîchir jusqu’à 5/6 en descendant à l’W. Grand-voile un ris, génois roulé au fur et à mesure, le Cap Blanco se rapproche à vive allure. Planquée derrière lui, une paire de bateaux attend que ça se tasse avant de remonter vers Palma. Cala Pi est une tranchée étroite entre deux falaises. 080914balares2_011.jpgOn mouille face à une tour, cul à la rive Est, sur laquelle on va porter à la nage une amarre.

 <= Cala Pi : une escale incontournable.

Voisins sympathiques : un groupe  d’allemands qui démarre une semaine de location. Ils étaient à Portals hier soir, comme un ou deux autres présents ici. Baignade : la température de l’eau est mesurée à 25°. On ne l’aurait pas rattrapé, l’été qu’on poursuivait ? Balade à terre le lendemain matin. Très sympa, le mouillage vu d’en haut, depuis la tour. Au retour, une supérette très bien pourvue permet une mise à niveau de la cambuse : on sait qu’on ne trouvera rien à Cabrera… 

Cala Pi-Puerto de Cabrera (13,7 Nm) Vent toujours ouest, 2/3 qui va fraîchir à 4. Travers tribord amures, Taranis se régale sous le soleil de la courte traversée vers l’Ile de Cabrera (l’île aux chèvres) la plus importante avec l’Ile Conejera (l’ile aux… cousins du lièvre) d’un mini-archipel.Cabrera a hébergé 9000 prisonniers français au moment des guerres napoléoniennes. Réquisitionnée par les militaires au moment de la première guerre mondiale, elle leur a servi de champ de tir jusqu’à son classement au rang de Parc National en 1991. En se glissant entre cap Llebeig et la punta de sa Crueta, sous le château qui domine la passe, on accède à un vaste et calme plan d’eau circulaire piqueté de cinquante mouillages. Comme un ‘lac de montagne’ disaient à juste titre Cha, Pam et Tafolpa. 080914balares2_033.jpgPour nous (moins de douze mètres) ce sera une bouée blanche, vers l’extrémité sud. Nous n’aurons pas à montrer notre autorisation (pour une nuit), l’autorité passe discrètement le soir relever le nom des bateaux présents.

 <= Cabrera : il faut une autorisation pour passer la nuit dans ce magnifique port naturel.

Incontournable balade, la montée (raide) vers le château sera récompensée par une vue absolument magnifique sur l’île et son incroyable port naturel. Seconde récompense, une glace dégustée au minuscule troquet qui tient lieu d’unique commerce. Et nous remporterons à bord notre sac poubelle : nous avions pourtant lu – mais oublié – qu’il est interdit de les déposer ici…   

 

Cabrera-Porto Colom (24 Nm) Un bord en direction du sud de l’île Conejera, un second vers l’isla Redonda, et nous voilà dégagés de l’archipel de Cabrera. Avec une jolie brise qui va progressivement venir à l’E, nous remontons gaillardement vers le Cabo Salinas – point le plus sud de Mallorca – et la côte Est. Nous venons de laisser ce cap par le travers. Un bateau de pêche qui le double remonte vers  nous à vive allure. On se dit qu’il va passer pas loin. On trouve bizarre qu’il ne se déroute pas. Puis on 080918balares3_019.jpgpense qu’il le fait exprès. Lorsqu’il nous dépasse, à moins dix mètres sur bâbord, et qu’en nous apercevant un des mecs qui bossent à l’arrière se met à gueuler en direction de sa passerelle, on réalise qu’il était très probablement sous pilote, et que le mec censé assuré la veille n’assurait rien du tout… Légère sueur froide rétrospective…Le vent nous abandonne en vue de Porto Colom. Pas de problème, Yan en profite pour recharger les batteries et bientôt nous nous glissons entre la Punta de ses Crestas ó de la Farola – j’adore les cartes espagnoles – et la Punta de sa Batería.

 <= Mouillage payant (mais si peu) à Porto Colom.

Quelques minutes plus tard, on mouille sur le côté Est du chenal, face au port. Pas mal de monde déjà, et nous ne serons pas les derniers.Contrairement à ce que nous pensions, le mouillage ici n’est pas gratuit. Une señorita en zozo nous apporte les formulaires à remplir. Moyennant quoi, le lendemain matin, dans le minuscule bureau du port, Taranis et son skipper se verront attribuer chacun un numéro d’immatriculation « valable dans toutes les Baléares ! » et censé faciliter les prochaines formalités. Coût de l’opération, et de la nuit au mouillage : 3,28 €. Raisonnable !   

Porto Colom-Cala S’Agulla (23,3 Nm) Toujours sous le soleil, nous poursuivons la remontée de la côte Est avec une petite brise ESE. Passée la Punta de Amer et le Cabo del Pinar ó del Ratx, nous testons la Cala Canyamel. Mauvaise pioche. Beaucoup trop ouverte au sud-est pour nous garantir une nuit calme. On opte finalement pour la Cala S’Agulla, juste au-dessus du Cap Pera, angle supérieur droit de Mallorca. Mouillage au coin nord d’une longue plage, dans une eau d’un turquoise lagon assez incroyable. A l’autre coin de la plage – encore très fréquentée, la ‘urbanización’ de Cala Ratjada exhibe quelques immeubles disgracieux, format CHU. Finalement ce mouillage se révèlera un brin rouleur, sans être toutefois désagréable. Nous aurions dû pousser jusqu’à la petite Cala Moltó, à une encablure au plus au nord, dans laquelle nous ferons d’ailleurs un petit tour en partant le lendemain matin pour confirmer notre impression. En vue d’une visite future.   

Cala S’Agulla-Cala Degollador (24 Nm) Au menu du jour, la traversée du canal de Menorca. Au revoir Majorque, bonjour Minorque. Eole est toujours bien disposé et nous envoie un ESE 2/3, qui va fraîchir à 4. Route directe sur Ciutadella, donc, vers la fin de laquelle nous aurons le plaisir de rattraper et dépasser Silver Bird, qui, comme son nom de l’indique pas, bat pavillon allemand. Belle petite traversée, à 6 nœuds de moyenne. 080918balares3_045.jpgTour d’honneur dans le port de Ciutadella. L’accès au quai visiteurs est interdit, la cala d’En Busquets, à bâbord en entrant semble maintenant aménagée. Plus au fond, pas de place.

 <= La Torre de Sant Nicolau veille sur le goulet d'entrée du port de Ciutadella.

N’ayant pas gardé un bon souvenir de l’accueil en 2006, on n’insiste pas, et on va mouiller tranquillou dans la cala Degollador, située juste au sud de l’entrée du port. A noter : une limite de baignade empêche désormais de s’avancer vers le fond. Mais avec une amarre arrière à terre, nous sommes bien installés.La balade en ville, avec pour thèmes l’avitaillement et la recherche – vaine - d’une bouteille de gaz, va nous faire patrouiller – avec beaucoup de plaisir - la vieille ville et ses ruelles serrées autour de la cathédrale médiévale.     

Cala Degollador-Cala En Porter (19,6 Nm) Le vent est passé au N/NE. Petite brise qui nous convient parfaitement, une fois de plus. Une heure après avoir quitté le mouillage, nous doublons le Cap d’Artrutx, coin sud ouest de Minorque. Sous un ciel couvert, route directe ensuite sur Cala En Porter, que nous sommes heureux de retrouver après l’avoir appréciée en 2006. Mouillage sous l’impressionnante falaise, que les longues volées d’escaliers situées près de la plage nous permettent d’escalader. Pour les commerces, c’est à gauche en haut desdits escaliers. Mais nous partons vers la droite. Le bar Cliff Top est fermé l’après-midi. Dommage, je me faisais une joie de prendre un café à la terrasse en contemplant Taranis, bien sage une quarantaine de mètres au-dessous. 080920balares4_011.jpgPetit tour à l’entrée de la Cova d’en Xoroi, une des discothèques les plus célèbres des Baléares (et plus, si affinités). On verra bien mieux ses balcons naturels au-dessus de la mer en repartant le lendemain matin. 

 <= Cala En Porter, mouillage paisible entre de hautes falaises.

    

Cala d’En Porter-Port Mahón (15 Nm) Au menu du jour, le contournement de l’extrémité sud-est de Minorque, pour rejoindre Mahón, la capitale. Le vent, NNE 2/4 va fraîchir progressivement à 4/5. C’est donc avec un ris dans la GV et un génois roulé (encore pas gréé le solent, pffffff !) avant le passage à terre de l’isla del Aire que nous tirerons les quatre bords nous permettant de remonter vers la formidable rade de Mahón. Parmi les diverses 080927balares5_002.jpgsolutions d’escales, nous choisissons l’amarrage – sur pendilles - à l’Isla Clementina, juste en face de la ville. Il s’agit d’une île artificielle, quatre pontons flottants réunis en carré. Ingénieux ! Le ‘trou’ central est la piscine, il y a deux bancs, une table, un barbecue, une douche, quelques plantes en pot, l’enlèvement des sacs poubelles est assuré… Ambiance très britannique dans cette curieuse communauté, il manque juste un peu de gazon. Manifestement quelques sujets de sa Gracieuse Majesté prennent ici leurs quartiers d’hiver.

 <= Dans la rade de Mahon, le spectacle est permanent.

Tous les matins, le gars de Ribera del Puerto, qui gère ces emplacements, amarre son zodiac, s’installe à la table et encaisse. Pour nous, ce sera 17,58 €. En 2006, nous avions pris le temps de visiter le Fort Marlborough et la forteresse de la Mola. Nous serons plus rapides cette fois-ci, nous contentant d’une longue balade dans la ville après avoir badé un long moment en regardant le demi tour-départ du Boudicca, paquebot des croisières Fred Olsen. Le quai ne restera pas longtemps innocupé : le lendemain au petit dèj’, nous assisterons à l’arrivée du Pacific.     

minorque4_008.jpgPort Mahon-Addaia (16,4 Nm) Avant de quitter Mahón, plein de carburant. La station se trouve au fond de la Cala Figuera, à notre droite en sortant. Eole a dû prendre un RTT. Vent nul, c’est Yan qui s’y colle, sous un ciel gris qui laissera même échapper quelques gouttes de pluie tandis que nous remontons la côte Est. L’isla Colom et le Cabo Favaritx sont laissés à bâbord. Pour entrer dans la cala d’Addaia, on donne un bon tour à la pointe nord des Islotes du même nom, puis, cap au sud, on s’enfonce dans les terres.

 <= Capitainerie du petit port d'Addaia.

Mouillage 1,5 mille plus loin, après avoir laissé à droite le petit port d’Addaia.Dans le haut de l’ensemble touristique local, on trouve un pub irlandais et un supermarché, fermé pour cause de dimanche. Le retour est enchanteur, par le sentier épousant le rivage qui fait le tour de la punta de sa Torre. A bord, le calme est impressionnant, on se croirait sur un lac d’Auvergne. Bateau immobile, silence irréel le soir, rompu au matin par des tourterelles qui roucoulent…    

Addaia-Fornells (7 Nm) Courte étape, qui va nous permettre en rejoignant Fornells de nous positionner pour la traversée retour. Mouillage relevé, sortie du chenal d’Addaia. Vent d’Est 3 B, ciel grisouille. Après une heure au grand largue, on laisse à bâbord le 080927balares5_021.jpgCabo Pentinat. Une grosse demi-heure de vent arrière plus tard, nous voici à hauteur de la Punta de Es Morter. A partir de là, nous sommes déventés par le Mola de Fornells. Yan prend le relais des voiles pour nous propulser jusqu’à un coffre situé au sud du port, tout proche de nouveaux pontons.

 <= Pontons et catways flambant neufs à Fornells.

Equipage à terre en quelques coups de rames. Séquence internet sur le port, dans un bar restau. Avitaillement (deux supermercats dont un Spar). Une pancarte indiquant une poissonnerie, ‘Can Pilar’, nous accroche. Elle semble malheureusement fermée, en plein après-midi. Qu’à cela ne tienne : d’en face, la voisine nous a repérés, nous aborde, et nous fait comprendre qu’elle se charge de faire ouvrir. Elle se déchaîne et effectivement, quelques minutes plus tard le pêcheur/poissonnier, vraisemblablement arraché à sa sieste et néanmoins souriant nous débite trois belle tranches de bonite. Il n’aura pas ouvert pour rien : voici qu’arrivent les douze bouches à nourrir du Sun Odyssey 54 DS de la CCAS que nous avons croisé hier à Addaia. Retour à bord sous la pluie. L’orage arrive, il sera spectaculaire… Festival son et lumière. Rinçage très complet de Taranis par une pluie épaisse. Ambiance fin de vacances garantie…   

Fornells-San Feliu (115 Nm) Fichiers grib, France Inter et Monaco Radio sont unanimes : la traversée retour se fera face à un nord-est qui oscille, selon les prévisions, entre 3 et 6 B. Nous sommes mardi matin, Eric a son train samedi soir à Argelès et surtout, une amélioration n’est pas prévue à courte échéance. Quand faut y aller…Ce seront donc 28 heures de navigation sur la tranche, sous solent et GV un ou deux ris selon les moments. Avec quelques grains violents avant la nuit, du genre qui font fumer la mer et aplatissent les crêtes des vagues. L’occasion de vérifier combien le F30 est un bateau sécurisant, et combien la couchette cercueil est dans ces conditions la meilleure du bord. Avec un seul contre-bord d’une paire d’heures dans la nuit, 070930stfeliu3.jpgl’atterrissage se fait entre Tossa de Mar et San Feliu de Guixols, que nous rejoignons mercredi en fin d’après-midi.San Feliu, port très agréable, considérablement modernisé (pontons et catways neufs appuyés à la grande digue, capitainerie flambant neuve) m’avait toutefois bien fâché début juillet avec une nuit à 57,50 €. Mais l’envie d’une bonne douche fait suspendre le carton rouge alors attribué. Cette fois-ci, le coup de gourdin sera moins appuyé (39,22 €), fin de saison oblige.

<= San Feliu est refait à neuf. Mais ses tarifs sont prohibitifs en saison.

    

San Feliu- Cala Montjoi (32,5 Nm) Les conditions sont identiques à celles de la veille. Pas glop pour contourner les trois caps du coin droit de l’Espagne. San Sebastian, Bagur, Negre garantissent une mer cassée, désordonnée. Mais le soleil est de retour. Progressant lentement vers les Islas Medes, nous sommes rattrapés et déposés par trois voiliers de front (des Halberg-Rassy, je crois) que leurs convoyeurs solitaires, debout à la barre à roue, manette de gaz bien ouverte, font décoller sur les vagues, cap probable sur Empuriabrava. Spectaculaire ! A la tombée de la nuit, après une longue traversée de la large bahia de Rosas, nous nous glissons dans Montjoi. 080927balares5_029.jpgCette cala - célèbre par le restaurant El Bulli - est un de nos mouillages préférés. Le lendemain matin, la rituelle prise de température de l’eau avant baignade nous flanque un coup : 18°.  Nous avions rattrapé l’été, mais en notre absence, l’automne s’est avancé !   

 

 

<= Cala Montjoi, escale bucolique entre Cadaquès et Rosas. A droite du bâtiment, on aperçoit le toit du 'meilleur restaurant du monde', El Bulli.

 

 

 

 

Cala Montjoi-Argelès (26,4 Nm) Le Cabo Norfeo, massif mastoc à gauche en sortant de Montjoi, nous salue d’une grande claque de vent. Nous ne sommes pas surpris : cette roche impressionnante nous fait le coup à chaque fois, quelles que soient les conditions ! Un long bord de près vers l’Est nous permet de déborder le cap Creus, et après avoir viré nous pouvons de faire route directe sur le cap Béar, ce qui n’était pas gagné d'avance au vu des prévisions météo. Vers 17 heures, Taranis retrouve son nid douillet au pied des Albères…