La Rénovation de RAPA NUI...
par Yves (RAPA NUI)  - 28.03.2007 

Saint Nicolas de Bliquetuit,
Le 25 mars 2007,          

    Il s’est passé prés de 11 mois depuis mon dernier envoi. Il est l’heure de reprendre le cours de cette petite chronique. N’ayant pu, faute de temps suffisant, achever les travaux programmés pour naviguer en juillet et aout 2006, j’ai du tempérer mon optimisme et réviser ma copie ……… et laisser notre bateau sur son ber !

   Le temps clément, à défaut d’être beau, du début d’été a permis d’effectuer les travaux d’extérieur dans les meilleures conditions, les travaux d’intérieur étant prévus après la trêve estivale.

 

   Le cockpit (tout comme le pont) a été totalement débarrassé de ses lattes et du rail d’écoute de grand voile, tous les trous ont été rebouchés,  avec un enduit epoxy (Watertite International), l’ensemble poncé pour recevoir une laque P.U. en deux couches avec ponçage intermédiaire. Ensuite, pose des nouvelles lattes en teck avec visserie neuve et Sikaflex 291.  Dans la foulée, un même traitement a été réalisé sur le pont : pourtour de la descente, du panneau avant et du pied de mât. Le reste du roof, comme le dessus des hiloires de cockpit, a reçu 2 couches de peinture antidérapante grise (Interdeck).

 

   La pose de l’accastillage pouvait commencer. Elle constituait une étape importante dans l’avancée des travaux : rails de génois, boites à 6 réas à billes Wichard, platine de pied de mât, winches, taquets, coinceurs, barres de descente et mains courantes en teck, pièces de fixation pour la capote, ont été posés sur un lit de Sikaflex avec des contreplaques aluminium de 5 mm, des vis neuves et des écrous nilstops. Une barre d’écoute de GV Godot à embouts à réas tout juste sortie de chez l’accastilleur est venue remplacer son aînée. La pose de la console de roof a  parachevé l’étape.

  

   Garanti contre tout vice d’étanchéité, il était temps de poursuivre les travaux intérieurs : pose des vaigrages en moquette « locaux humides » de couleur bleue sous les passavants et les hiloires de part et d’autre de la descente,  pose des vaigrages bois (désormais recouverts de fibre de verre et d’une laque satinée de couleur blanche) aux « plafonds » avec des lattes de chêne clair préparées à cet effet, en remplacement des lattes en sapelli, trop triste à mon gout. A la jonction des cloisons et du roof, j’ai collé un parement de 3mm d’épaisseur qui avait reçu au préalable 2 couches de laque de même couleur que les cloisons.

 Concernant l’aménagement, j’ai décidé de supprimer tout simplement la porte à glissière donnant accès au triangle avant et ne conserver que celle située entre carré et cabinet de toilettes.

   Tous les éléments en textile sont de couleur bleue et taillés dans un tissu « grand teint ». C’est un poste budgétaire non négligeable mais il en va de sa tenue dans le temps.  Il a été utilisé pour les banquettes, pour les rideaux d’équipets du carré désormais visibles (les anciennes couchettes rabattables ont changé d’affectation), pour les penderies du cabinet de toilettes bâbord et tribord …… tout en s’harmonisant au mieux avec les vaigrages des hiloires de roof.

 

   L’installation électrique comprenant la boite Legrand (disjoncteur différentiel et 3 prises 22O V) et le chargeur ont retrouvé leurs places dans la couchette cercueil. J’y avais ajouté, pour les vacances 2005, un chargeur automobile qui fournissait du 12 V à une glacière pendant la nuit au port, sans solliciter inutilement les batteries ; une solution intéressante que j’envisage utiliser à nouveau. A propos des batteries, j’ai équipé Rapa Nui de nouveaux accus : 2 NAUTICA de 74 Ah et 62 Ah. Par ailleurs, concernant la distribution de la fée électricité, une autre boite Legrand à 2 borniers a été installée sous la table à cartes pour centraliser toutes les alimentations de l’électronique, puis j’ai monté un tableau à fusibles à 12 entrées permettant de gérer rationnellement l’énergie du bord. S’ajoute également un duplexeur VHF / FM qui permet d’utiliser l’antenne VHF de tête de mât comme antenne radio. Les deux anciennes couchettes amovibles du carré, devenues bibliothèques (fixées par de solides tasseaux en orme) ont reçu les hauts parleurs d’un lecteur radio lui-même installé à tribord. Tous les câblages ont été passés en conséquence et fixés avec des colsons après repérage. Chaque terminaison de câble a été étamée et les connections recouvertes de gaine thermo rétractable. Enfin, 2 prises allume-cigares ont été posées, une à bâbord et l’autre sur la face latérale de la descente. Elles sont destinées à charger un téléphone portable ou alimenter un GPS portable … ou bien alimenter du matériel très prisé par les petits navigateurs !!

     

   L’éclairage intérieur a été changé pour une meilleure efficacité : un néon central au dessus du carré ; au dessus de la cuisine, de la table à cartes et dans le cabinet de toilettes, sont installés des plafonniers ronds à deux éclairages : blanc et rouge pour la nuit. Dans le triangle avant, un spot halogène permet les agréables lectures du soir, confortablement installé au port ou au mouillage. Le résultat est très convaincant dans un espace désormais lumineux. Là encore, pas de jonctions par dominos ni autre procédé mais soudure et pose de gaine thermo rétractable.

 

   Le froid constitue toujours un problème à bord d’un First 30 comme d’ailleurs pour beaucoup de voiliers de cette taille. La solution évoquée plus haut, de disposer d’une glacière de type Camping Gaz branchée sur un chargeur est une solution intéressante ; l’énergie emmagasinée au port pendant la nuit permet de conserver les aliments périssables pendant la navigation de la journée. Mais cela ne résout nullement le problème de l’encombrement, la dite glacière se retrouvant, soit sur la couchette navigateur, soit sur une couchette du carré … et toujours dans une situation très instable !! L’idée m’est venue d’utiliser l’existant. La « glacière » du bord pouvait être remaniée. J’ai, dans un premier temps, rebouché le trou d’évacuation à l’époxy et traité l’intérieur avec une peinture alimentaire. Ensuite, j’ai découpé le panneau aux dimensions du couvercle de la glacière Camping gaz, lequel est venu s’intégrer après collage au Sikaflex. Ne restait qu’à améliorer l’isolation par l’extérieur par collage d’un matériau adéquat sur la cuve polyester (film multicouches aluminisé à haut pouvoir isolant). Plus de problème d’encombrement et une augmentation non négligeable du volume ! Que demander de plus ?

 

   Concernant le réservoir à carburant, il a été évoqué plus haut qu’une augmentation du volume s’imposait. Le choix s’est porté sur un réservoir en polyéthylène Plastimo d’une capacité de 30 litres (ce qui, avec la piètre consommation du moteur NANNI, porte l’autonomie à environ 25 h). Fixé sur des tasseaux de forte section, eux-mêmes ancrés sur les montants de la penderie ainsi que dans les deux cloisons, il a de plus l’avantage d’être transparent et permet, à tout instant, de connaître le niveau de gasoil. Adieu l’archadque et approximative «jauge – maison » réduite au long bâton dont on ne sait quoi faire une fois qu’il a servi ! Tuyaux d’alimentation, de retour de gasoil, vanne d’arrêt et évent ont été remplacés et fixés avec des serflex doubles.

 

   Au rayon du matériel de navigation, j’ai à ma disposition un régulateur d’allure : une NAVIK Plastimo (une barre automatique, c’est féminin !), achetée d’occasion et en très bon état. J’ai toujours été attiré par ce type de produit, d’une conception fort intelligente, mais son prix dissuasif avait jusqu’alors freiné mes élans. A ce jour, elle n’est pas encore installée sur le tableau arrière. Dans l’instant, je suis sur le point d’équiper le bateau d’un pilote automatique. Mon choix s’est porté sur les deux grands standards du marché : Simrad TP 22 et Raymarine ST 2000+. L’achat devrait se concrétiser avec les « opérations promotionnelles » du printemps. Si cet équipement donne entière satisfaction après une saison, notamment en matière de consommation d’énergie, peut-être vendrai-je mon régulateur d’allure ?

 

   Concernant le gréement, Rapa Nui ne sera gréé qu’au moment de sa mise à l’eau.

L’achat d’un étai et de 2 galhaubans constituait l’essentiel de la rénovation prévue sur le gréement dormant, le reste ayant été vérifié par un spécialiste. Les galhaubans étaient, en juin dernier, posés sur le mât et l’étai neuf ainsi que tous les autres câbles, enroulés sous le bateau, attendant le remontage ; une situation tout à fait ordinaire sur ce chantier fermé ou aucun problème n’avait jamais été à déplorer et ou l’atmosphère amicale entre propriétaires garantissait la surveillance mutuelle des bateaux comme du matériel. C’était sans compter sur l’engouement récent et croissant pour tout ce qui ressemble à du métal. Résultat des courses : tous mes câbles ont été volés en une nuit. Avec mes seuls galhaubans, comme le dit la chanson : « j’avais l’air d’un c…… » ! Je vais devoir faire fabriquer ce qui manque, la facture de l’étai précise sa longueur, au millimètre, pour les autres par absence de dimensions, il ne reste qu’une solution : après pose des demi sphères, prévoir dans la commande, des longueurs généreuses et, au moment du mâtage, poser des embouts à olives. Ce procédé, reconnu comme étant d’une grande fiabilité (la force à l’arrachement étant très supérieure à celle d’un sertissage), très courant sur les croiseurs britanniques, est agréé par le Lloyd’s mais s’avère très onéreux (au regard du devis de la société ACMO contactée au dernier salon). Ce passage financièrement douloureux aura eu le mérite d’aiguiser ma vigilance.

Et…… de repartir avec un gréement dormant neuf ! 

 

   Les finitions arrivent à leur terme, elles sont toujours nombreuses et requièrent de la minutie. Qu’il s’agisse de la pose de rideaux occultants, de la pose des extincteurs sur des platines en orme vitrifié ou bien encore du passage des lattes de bois extérieures à l’huile de teck ou de la peinture des intérieurs de coffres ou de baille à mouillage, tout se doit d’approcher la perfection à défaut d’y parvenir totalement. Il ne reste aujourd’hui que la peinture de la coque qui se fera pendant les vacances scolaires de Pâques ; ensuite viendra la pose de la décoration préparée par un infographiste.

 

   Rapa Nui sera mis à l’eau début juin. Le gréement sera posé et réglé dans la foulée. L’armement au complet, il pourra alors rejoindre son port d’attache voisin pour nos navigations estivales.

 

   Je joins à ce texte un fichier Powerpoint intitulé « Chronique en images d’une restauration » ou j’ai tenté, avec plus ou moins de succès, de juxtaposer les photos prises lors de la première visite de notre First 30 en avril 2005 à Nieupoort et celles prises tout récemment. Deux années de travaux, certes ponctuées de pauses, mais deux années quand même … et un bonheur sans pareil à l’idée de retrouver la mer à bord d’un bateau très personnel.

 

    Je reste à votre disposition pour répondre à toutes les questions, et ce, dans la mesure de ma modeste expérience. Au plaisir de vous retrouver.   

          

     Yves

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